Verlaine et Rimbaud

Poètes maudits et amants sulfureux, Rimbaud et Verlaine forment l’un des couples les plus célèbres du monde littéraire. Leur romance va changer pour toujours la poésie. Venez découvrir l’histoire de cette passion tumultueuse !

LA RENCONTRE D’ARTHUR RIMBAUD ET DE PAUL VERLAINE

Eté 1871, Arthur Rimbaud, jeune provincial de 17 ans doué et ambitieux mais au caractère excessif, est invité par Verlaine et ses amis à Paris. Après une brève correspondance avec Rimbaud, le poète de dix ans son aîné a été ébloui par les textes du jeune homme et lui et ses amis s’enthousiasment de son talent. Verlaine est déjà un poète établi à Paris. Habitué des cafés et salons littéraires parisiens, il a collaboré au premier Parnasse contemporain et a publié ses Poèmes Saturniens et les Fêtes Galantes.

Le poète, marié et père de famille, loge le jeune Rimbaud chez ses beaux-parents et l’impose à sa femme Mathilde, ce qui n’est pas sans créer des tensions au sein du couple. Verlaine l’introduit à ses amis et ils participent aux réunions parisiennes du Cercle Zutique. Ses amis cependant, Verlaine les perdra en gagnant Rimbaud. Ce dernier se fait autant remarquer pour son talent que son caractère exécrable et seul Verlaine supporte ses provocations incessantes.

RIMBAUD ET VERLAINE : POESIE, PASSION ET VIOLENCE

Au fil des semaines et des mois, ce qui était un compagnonnage poétique ambigu se transforme en aventure amoureuse. Ils s’éprennent profondément l’un de l’autre, ignorant la réprobation et les railleries. Verlaine s’éloigne de son épouse pour s’afficher régulièrement auprès de son jeune amant, provoquant le scandale dans les cercles littéraires.

Pendant plusieurs mois, Verlaine est tiraillé entre sa femme, Mathilde, et Rimbaud. S’il aime et désire ardemment Rimbaud, sa religion, le catholicisme, le retient encore auprès de son épouse. La culpabilité le ronge. Mais la passion est plus forte que tout et Verlaine quitte sa femme et prend la fuite avec son amant pour Bruxelles. Après quelques temps, Mathilde, qui est venue le retrouver à Bruxelles, le convainc de revenir avec elle. Mais là n’était pas la volonté de Rimbaud qui persuade à son tour Verlaine de rester avec lui et d’abandonner sa femme.

Les deux amants passent des nuits entières à boire, écrire et s’aimer. Le 7 juillet 1972, ils quittent la France pour aller vivre une vie de bohème à Londres. Ils vivent d’amour et d’eau fraîche et écrivent beaucoup. C’est probablement à ce moment que Rimbaud débutera l’écriture d’Une Saison en Enfer et Illuminations. Mais cette extase ne durera pas. Passée l’exaltation de la fuite, le couple s’enfonce dans une relation violente et destructrice. Rimbaud est impulsif et violent, Verlaine doux et alcoolique. Les coups et la violence s’invitent régulièrement dans cette relation. Le 3 juillet 1873, excédé, Verlaine quitte Londres et Rimbaud pour retrouver sa femme.

LA RUPTURE TRAGIQUE DE RIMBAUD ET VERLAINE

Le 10 juillet 1873, Verlaine est à Bruxelles depuis quatre jours. Rimbaud l’y a rejoint depuis deux. Plongé dans un désespoir infini, il supplie Mathilde de venir le voir, mais c’est trop tard. Sa femme, après avoir compris la nature de la relation entre les deux hommes, a intenté un procès en séparation. Verlaine, ivre et malheureux, achète un revolver pour se suicider, mais après une énième dispute, c’est sur Rimbaud que le poète tire. Rimbaud est blessé au poignet. La blessure est superficielle mais cet épisode marque la rupture entre les deux amants. Verlaine est arrêté et condamné à deux ans de prison, plus pour son homosexualité et son passé de communard que pour les violences faites à son amant. A sa sortie de prison en janvier 1875, Verlaine accourt chez Rimbaud, qui l’éconduit : il en a fini avec la poésie.

Jusqu’à sa mort en 1896, cinq ans après celle de Rimbaud, Verlaine n’aura de cesse de célébrer le génie de son amant. Si leur liaison de deux ans, passionnée et tumultueuse, a ébranlé le monde littéraire de l’époque et marqué le genre de la poésie à jamais, ils n’auront écrit ensemble qu’un petit sonnet en octobre 1871, « Le sonnet du trou du cul » : « Obscur et froncé comme un œillet violet/Il respire, humblement tapi parmi la mousse/Humide encor d’amour qui suit la fuite douce/Des Fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet… ».