Le vol des bijoux de la Bégum

Le vol des bijoux de la Bégum est l’un des casses les plus célèbres de l’histoire et vous en avez tous, sans le savoir peut-être, déjà entendu parler.

QU’EST-CE QU’UNE BEGUM ?

Relativement inconnu aujourd’hui en Occident, le terme Bégum a pourtant marqué la postérité. En Asie du Sud, « Bégum » est un titre honorifique donné aux femmes de familles royales et aristocratiques. Il équivaut à « reine » ou « princesse », et est plus particulièrement accordé aux femmes de souverains. Mais c’est surtout la « Bégum Aga Khan » qui a marqué l’histoire. Il s’agit d’un titre honorifique donné à l’épouse de l’Aga Khan, le guide spirituel des Ismaëliens nizârites, une communauté chiite rassemblant 15 millions de fidèles.

QUI ETAIT LA BEGUM ?

Lorsque l’on parle du vol des bijoux de la Begum, on fait référence à une Bégum Aga Khan en particulier : Yvonne Blanche Labrousse. Elle est une ancienne Miss France et surtout, l’épouse du prince sultan Mohamed Chah, descendant direct de Mahomet, 48ème imam des ismaéliens et également connu comme le prince Aga Khan III de 1855 à 1957.

Née le 15 février 1906 à Sète d’un père chauffeur de tramway et d’une mère couturière, rien ne destinait Yvette Labrousse au destin incroyable qui fut pourtant le sien. D’abord élue reine de Lyon puis première dauphine de Miss France 1929, elle devient enfin Miss France en 1930 et représente la France partout dans le monde. C’est lors d’un voyage en Egypte qu’elle fait la rencontre de Mohamed Chah, Aga Khan et prince pakistanais déjà marié trois fois et considéré comme l’homme le plus riche du monde à cette époque. Elle l’épouse le 9 octobre 1944, elle a alors 38 ans et lui 67. Elle prendra après son mariage et sa conversion à l’Islam le nom d’Om Habibeh, et deviendra la bégum des ismaéliens.

LE VOL DES BIJOUX DE LA BEGUM

3 Août 1949 au Cannet, sur les hauteurs de Cannes, il est aux alentours de midi quand une Cadillac est braquée par un commando de cinq hommes armés de mitraillettes et pistolets. Les malfrats prévoyaient d’enlever l’actrice Rita Hayworth, la fiancée du prince Ali Khan, fils de l’Aga Khan issu de son deuxième mariage, mais c’est l’Aga Khan et son épouse la Bégum qui se trouvent à l’intérieur de la voiture. Qu’importe, les truands braquent le couple. Ils s’emparent de la mallette dans laquelle se trouvent les bijoux de la bégum, parmi lesquels la célèbre « Marquise », un diamant de 22 carats. Le vol des bijoux de la Begum est sans conteste le hold-up le plus spectaculaire de l’après-guerre. Le montant du butin s’élève à 220 millions de francs, une somme astronomique pour l’époque, raflés en deux minutes chrono. Le travail de la police permettra de retrouver et d’arrêter les braqueurs et le chef du gang, Paul Leca, un caïd bien connu du milieu marseillais. La quasi-totalité des bijoux seront restitués et les malfaiteurs jugés par une cour d’assises en 1953. Leca, en fuite, sera condamné par contumace, les autres écoperont de peines allant jusqu’à 10 années d’emprisonnement.

LE VOL DES BIJOUX DE LA BEGUM DANS LA CULTURE POPULAIRE

Selon la légende, la Bégum se serait exclamée lors du braquage : « Ciel, mes bijoux ! ». Une réplique cocasse et une scène surréaliste qui auraient inspiré à Hergé Les Bijoux de la Castafiore. Eh oui, cet album de Tintin fait directement référence au vol des bijoux de la Bégum !

L’affaire du vol des bijoux de la Bégum a connu un retentissement international en raison de la personnalité des victimes, de l’audace des voleurs et d’une enquête policière à rebondissements. De nombreux ouvrages et articles sont dédiés à cette histoire ainsi qu’au destin extraordinaire d’Yvette Labrousse, petite Sétoise devenue la Miss la plus riche du monde.