Paris vaut bien une messe
Que ce soit à travers son mot « Paris vaut bien une messe », la poule au pot, ou encore son cheval blanc, le bon roi Henri nous a laissé un héritage culturel qui perdure aujourd’hui encore. Venez découvrir l’histoire derrière la célèbre expression « Paris vaut bien une messe ».
« PARIS VAUT BIEN UNE MESSE » : SIGNIFICATION DE L’EXPRESSION
« Paris vaut bien une messe », est une ancienne expression qui signifie qu’il est parfois nécessaire de faire un sacrifice afin d’obtenir un plus grand bénéfice.
L’expression néerlandaise « een spiering uitgooien om een kabeljauw te vangen » dont la traduction serait « jeter un petit poisson dans l’eau pour en attraper un plus gros » illustre parfaitement l’idée d’un mal pour un bien.
« PARIS VAUT BIEN UNE MESSE » : ORIGINES DE L’EXPRESSION
L’expression « Paris vaut bien une messe » est traditionnellement attribuée au roi Henri IV. Pour comprendre le sens derrière cette formule laconique, il faut s’intéresser au contexte dans lequel elle a été prononcée. Nous sommes en pleine guerre des religions (1560-1590). Le roi Henri III, dernier des Valois, est sans descendance mâle et il désigne pour lui succéder Henri de Navarre, prince de sang protestant et chef de file des huguenots, au détriment du Duc de Guise, catholique et chef de la Sainte Ligue. A la mort d’Henri III le 1er août 1589, c’est donc Henri de Navarre qui doit hériter de la couronne mais il en est empêché par la Sainte Ligue qui refuse de voir un huguenot sur le trône de France malgré sa promesse solennelle de se faire instruire dans la religion catholique.
Ce n’est qu’en 1593, à la suite notamment des victoires d’Henri de Navarre à Arques (21 septembre 1589), puis à Ivry (14 mars 1590), que la noblesse de France se déclare prête à le reconnaître pour roi sous certaines conditions, parmi lesquelles qu’il se convertisse au catholicisme.
Finalement et après de longues tergiversations, le 25 juillet 1593, en l’église abbatiale de Saint-Denis, il abjure solennellement le protestantisme et fait profession de la foi catholique. C’est à ce moment qu’il aurait prononcé cette phrase fameuse et qui aura vocation à traverser les siècles : « Paris vaut bien une messe ! ». Il justifiait ainsi le compromis qu’il venait de faire afin d’obtenir la couronne. Devenu catholique, Henri IV est sacré roi de France à la cathédrale de Chartre le 25 février 1594.
Ce bref rappel du contexte dans lequel l’expression « Paris vaut bien une messe » serait apparue permet de mettre en lumière le cynisme qui se cache derrière. Des doutes quant à la sincérité de la conversion d’Henri IV au catholicisme sont en effet permis. Rappelons que ce dernier s’était déjà une première fois converti au catholicisme en 1972 pour échapper au massacre de la Saint-Barthélémy, avant de retourner à la religion réformée. Selon les versions, il se serait même converti au total six fois à la religion catholique ! L’expression « Paris vaut bien une messe » met alors en évidence toute la place que les considérations et calculs politiques ont prise dans cette conversion. Les Allemands ont une expression proche de la nôtre pour désigner ce genre de situation, avec une nuance cependant. Ils disent « Paris ist eine Sünde wert », autrement dit « Paris vaut bien un péché », ce qui souligne plus nettement que la concession consentie en échange d’un avantage jugé plus important peut être plus ou moins honorable…
LES DOUTES QUANT À L’AUTEUR DE L’EXPRESSION « PARIS VAUT BIEN UNE MESSE »
Cette expression est apocryphe. La postérité a attribué la paternité de l’expression « Paris vaut bien une messe » au Vert Galant (surnom d’Henri IV) mais des doutes existent.
Elle peut avoir pour origine le mot d’Henri IV à un gentilhomme à qui le roi demandant pourquoi ayant été jusque là au prêche, il allait maintenant à la messe, ce à quoi le gentilhomme aurait répondu : « Sire, parce que vous y allez », ce à quoi le Vert Galant aurait répondu « Ah ! J’entends bien que c’est : vous avez volontiers quelque couronner à gagner ».
Une autre théorie est que cette expression serait en réalité apparue en 1622, soit 12 ans après la mort du bon roi Henri, dans le recueil satirique Les Caquets de l’accouchée. Selon l’auteur, anonyme, ce serait à Maximilien de Béthume, baron de Rosny, qui deviendrait plus tard le duc de Sully et le principal ministre d’Henri IV, qu’il faudrait attribuer ce mot. Un jour où Henri IV demandait au duc pourquoi il n’allait pas à la messe aussi bien que lui, il aurait répondu « Sire, sire, la couronne vaut bien une messe ! ». Notons par la même occasion qu’il ne s’agit plus de « Paris » mais de « la couronne » dans la bouche de Sully.
Alors, cynisme ou pragmatisme ?
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